A propos de l’intérêt public et de l’intérêt général, un article de presse a attiré notre attention : publié le 1er août 2025, le titre est :
« Transat et serviettes – Occupation du domaine public maritime : entre ce qui est autorisé et ce qui est appliqué, la frontière est floue »
https://imazpress.com/actus-reunion/dpm-transat
Ce sujet fait l’objet de toute l’attention des fondateurs de Vie Océane depuis plus de 30 ans, période au cours de laquelle le territoire marin, littoral et sa plaine côtière adjacente ont été soumis à très rude épreuve : avec une urbanisation intense, une fréquentation humaine locale et touristique croissante et simultanément un fort développement des activités économiques dont balnéaires et de la spéculation immobilière.
Le résultat est une dégradation rapide et massive des écosystèmes littoraux, de la barrière récifale et de sa biodiversité, une augmentation avérée des phénomènes d’érosion des plages, des risques de pollution, d’inondation, de submersion,…
[Le montage photo de cet article résume simplement et clairement la situation : d’une zone littorale verte exempte d’habitations – années 50 – à une plaine côtière densément urbanisée et des plages colonisées et dégradées…]
Crédits photos Vie Océane-Thierry Peres – IRT – IHOI – Alexis CUVILLIER-GoogleEarth
Ce constat est d’autant plus inquiétant qu’il s’inscrit dans le processus engagé du réchauffement climatique global, de l’élévation du niveau des océans, de leur acidification amenuisant la bioconstruction calcaire (coraux, coquillages, etc.), du blanchissement favorisant la mortalité corallienne et réduisant la biodiversité associée. Sombre tableau qui pourtant est une réalité.
L’ère des négationnistes, des climato-sceptiques est révolue ! Pour autant, les problèmes ne sont pas réglés, dans le débat et dans les décisions politiques qui déterminent nos choix de société, de « développement durable », de balance entre intérêts économiques et intérêts écologiques, entre intérêts privés, particuliers et intérêt général, intérêt public.
L’État joue un rôle central dans la préservation du patrimoine terrestre et marin : c’est lui qui est censé assurer la préservation du Domaine Public Maritime, avec dans les Départements d’Outre-Mer la règle des « Pas géométriques ». Ces derniers ont été déclassés par décret en 1955 à La Réunion entraînant une vente massive avec toutefois une obligation de non-constructibilité, oh combien bafouée ! En 1986 la Loi « Littoral » a vu le jour, son principe étant d’assurer la protection d’une bande de 100 m depuis la limite haute des plages. La situation issue des pas géométriques a demandé des adaptations à La Réunion avec pour résultat d’assez peu brider la demande urbaine…
> https://www.mer.gouv.fr/domaine-public-littoral-dans-les-departements-et-regions-doutre-mer
Les Collectivités locales, en particulier les Communes, ont un rôle déterminant, à la fois dans l’urbanisation du territoire (Plan Locaux d’Urbanisme et Permis de Construire) et la délivrance des autorisations d’occupation temporaire (A.O.T) pour des activités économiques et sociales tout au long des côtes et en particulier sur les plages.
Un article du journal « le Quotidien de la Réunion » du 6/08/2025 illustre ce sujet de la problématique des rapports entre aménagement urbain, activités touristiques et respect de l’environnement naturel, au regard de l’artificialisation des sols et des risques qui pèsent sur l’écosystème récifal :
> https://www.lequotidien.re/kiosque/journal-le-quotidien/167
Le constat aujourd’hui, au-delà de l’utilisation du domaine public que sont ces plages, porte sur l’impact négatif de la fréquentation et des activités humaines (usages) sur le milieu naturel. Le sujet est l’objet de questionnements des autorités publiques dans de nombreux pays où le tourisme balnéaire a pris un essor considérable et altère manifestement l’environnement naturel littoral :
> https://www.giplittoral.fr/ressources/donnees-sur-les-plages-2025
> https://www.pro.affluences.com/post/hyper-frequentation-sites-naturels
>https://www.journaldeschamps.fr/limpact-du-tourisme-de-masse-sur-la-nature/
A La Réunion, tous les sites touristiques souffrent déjà de cette hyper-fréquentation de plus en plus décriée comme « surtourisme ». Les pouvoirs publics, les élus, se soumettent à la pression des lobbies commerciaux et immobiliers. Ils misent bien davantage sur l’extension de l’urbanisation littorale et des plaines côtières que sur la préservation de l’environnement naturel. Les slogans du « toujours plus », en particulier en matière de tourisme (objectif 1 million…), ignorent la question hautement pertinente de la capacité réelle de charge, d’accueil et par là-même de résistance des sites naturels.
Lorsque les conséquences négatives s’exercent sur un milieu naturel « porteur » sans lequel les zones habitées n’auraient jamais existé – tel le récif corallien – le réveil en sera à coup sûr douloureux pour les générations à venir : Ils auront à gérer un cadre hérité de leurs prédécesseurs et soumis à des risques accrus d’inondation, de submersion, de perte du patrimoine écologique et de ressources naturelles tant terrestres que marines. Il se dit pourtant aujourd’hui que : « gouverner, c’est prévoir »…